Un appel d'offres est ainsi lancé, remporté par une petite firme de l'Ohio : Willys. La crise de 1929 n'a pas épargné ce constructeur automobile qui, émergeant dans les premières années du XXe siècle, avait pourtant réussi à talonner le géant Ford au début des années 1920. La Jeep Willys incarne en conséquence le salut de la société. Conçue originellement par un ingénieur de Bantam qui ne peut en assurer la fabrication, la Jeep est confiée à Willys et à Ford qui, pendant les années que durera la Seconde Guerre mondiale, en produiront près de 650 000. Plus encore que l'avènement de la Willys, c'est celui de l'emblématique Jeep qui a lieu. Il existe deux hypothèses au choix de ce nom. Certains l'envisagent comme un acronyme dont le sens serait le suivant : Just Enough Essential Parts. D'autres, majoritaires, y voient une allusion à une bande dessinée, Popeye, qui met en scène un curieux animal enclin à se sortir de tous les mauvais pas : Eugene the Jeep.
Une production limitée dans le temps mais un modèle d'anthologie très couru
La guerre achevée, Ford ne poursuit pas la fabrication de la Jeep qui demeure dans le giron de Willys. Jusqu'au milieu des années 1960, la firme de Toledo en produira encore près de 200 000 et déclinera le modèle en plusieurs versions : un break, une Jeep de tourisme mais encore une version un peu hybride, ni tout à fait berline ni tout à fait militaire. Aujourd'hui, c'est la première version qui remporte toujours l'adhésion des amateurs de mécanique et des collectionneurs. Il existe même des boutiques spécialisées en pièces détachées et des sociétés qui, à partir de pièces anciennes et neuves, reconstruisent la Jeep Willys pour satisfaire à une demande constante. Robuste, pourvue de trois places, la Jeep Willys s'adapte à tous les types de terrains. Ses près de 600 kilos assurent une bonne tenue de route. Conçue pour évoluer dans des conditions particulièrement rudes, elle résiste également à la corrosion. Disposant d'un attelage militaire, elle est dotée d'un réservoir d'essence de 57 litres. Sa double boîte de vitesse permet d'osciller, selon la nature du terrain, entre une vitesse de 5 km/h et une pointe à 80.
